viernes, 29 de febrero de 2008

Deux stéréotypes commentés

Comme Hélène le disait, je crois aussi que les stéréotypes sont inévitables quand on ne connaît pas un pays et ses habitants. On se fait des idées plus ou moins réductrices de l'ensemble de la population en fonction de ce qu'on a entendu dire ou de ce que les médias présentent le plus souvent. C'est normal, je crois. À mon avis, il suffit de vouloir en savoir un peu plus sur le pays et ses gens pour casser ces idées reçues. Rien de plus facile, aujourd'hui, que d'aller sur Internet pour avoir une multitude de discours d'origines diverses qui nous donnent, en les croisant, une vision moins partiale de la réalité vécue dans un pays.

Ce projet a éveillé la curiosité des Français envers les Colombiens et donné l'occasion aux Colombiens d'être en contact direct avec des Français. C'est un premier grand pas pour sortir un peu de l'image médiatique de la Colombie en France et démythifier l'idée de la France glorieuse que nous avons en Colombie. Et je crois que nous avons bien commencé à le faire.

Tout à fait d'accord aussi avec Hélène lorsqu'elle dit que les stéréoypes peuvent être vérifiés quelquefois. Moi je dirais qu'il y a toujours une part de réalité dans un stéréotype. Comme on dit en français, il n'y a pas de fumée sans feu. Alors, je crois qu'on ne peut pas se contenter de dire que ce n'est pas vrai, que notre pays c'est autre chose et qu'il ne faut pas penser à ça. Il faut s'interroger, voir ce qui peut être à l'origine de ces idées, le confronter avec les idées reçues des autres, reconnaître ce qui est vrai et construire avec l'autre une vision plus large et proche de la réalité.

Il y a, par exemple, un stéréotype tout bête qui n'est propre ni aux Français ni aux Colombiens, mais qui revient tous les jours et qui nous oblige à chaque fois à en parler avec les autres pour qu'ils y voient plus clair : les gens des pays tempérés pensent très souvent que les gens des pays tropicaux sont habitués à la chaleur car il viennent de pays chauds et que l'hiver doit donc être très dur pour eux.

Je pense qu'on n'a même pas conscience de ce stéréoype. Un "bogotano" n'y pense que quand un Européen (ou autre) lui dit, lorsque les températures baissent un peu (moins de 10°) : "il fait froid, ça doit te manquer la chaleur !". Un Européen (ou autre) n'y pense que quand le "bogotano" lui répond : "mais à Bogotá il ne fait jamais chaud, moins de 10° c'est pour nous un petit matin froid".

Viennent alors la surprise et les explications. L'idée reçue veut que tropique soit synonyme de chaleur, mais on oublie souvent que l'Amérique du Sud est traversée par les Andes, une des cordillères les plus hautes du monde. Il faut raconter que Bogota est une des capitales les plus hautes du monde (2600 mètres), et qu'il n'y fait jamais chaud. Souvent, on ne sait pas que les saisons n'y existent pas et que les températures sont stables pendant l'année, mais qu'elles varient en fonction de l'altitude.

Enfin bref, à chacun de décider jusqu'où il veut aller dans les éclaircissements, l'important c'est de déconstruire une idée reçue et de construire une nouvelle vision partagée (parce que oui, avec le réchauffement, Bogota devient de plus en plus une ville chaude ;-)) Finis les manteaux et les chapeaux de nos grands-parents ! Pulls et vestes suffisent maintenant.)

Dans l'autre sens, c'est marrant aussi. La moitié de l'Amérique latine pense que la moitié de l'Europe sent mauvais (oui, j'ai l'impression que le stéréotype va au-delà des frontières françaises). Les latino-américains viennent en Europe et disent à leur retour : "oui, c'est vrai, ils sont sales". Et pourtant, les Français continuent de dire "mais non, c'était à l'époque des rois, nous on n'est pas sales".

Là, il est un tout petit peu plus difficile de réconcilier les deux visions. L'odorat des latinos n'est pas atrophié, d'ailleurs même Sarah a accepté que des fois dans les transports en commun ça sent pas bon. Mais les Français, il faut les croire, se trouvent propres.

Les choses commencent à devenir plus claires quand on lit un peu et on se rend compte que l'habitude de se laver sans faute tous les matins (même quand on a cours à 7h et qu'on se lève vers 5h) est plutôt propre aux pays andins. J'ai rencontré des Argentins qui me disaient "mais je comprends pas, pourquoi tu dois te laver tous les jours ?". Alors, on découvre qu'ils se lavent plutôt le soir et qu'un jour sans douche n'est pas comme un jour sans pain.

Ça devient plus intéressant quand on fait attention aux réactions des gens aux odeurs. Bogota le matin, journée chaude (18°-19° tout au plus ;-)), dans un bus plein à craquer. Il y a très peu de chances que quelqu'un sente encore la sueur (on vient de se laver). Mais admettons, quelqu'un pue. La femme d'à côté se bouche le nez immédiatement, tout le monde tend son nez, on sent la puanteur, les visages se détournent, on regarde de travers le suspect, on entend quelques interjections...

On change de scène : une salle de profs en France, pendant l'hiver, le matin en arrivant au lycée. La salle est petite, peu aérée. Ça sent fortement la sueur. Personne ne dit rien, personne ne se bouche le nez, personne n'ouvre la fenêtre (le froid l'en empêcherait en tout cas). Rien ne se passe.

On peut alors faire l'hypothèse que les réactions aux odeurs ne sont pas conditionnées de la même manière dans les Andes et en France. D'ailleurs, il faut dire tout de suite que la scène décrite ci-dessus ne se répète pas tous les jours ni partout. D'expérience, les mauvaises odeurs sont simplement un tout petit peu plus fréquentes en Europe, mais c'est très loin d'être une généralité.

Et on pourrait peut-être aller un peu plus loin et dire que l'hygiène, la propreté, ça ne veut pas dire exactement la même chose dans nos pays et en France. Le contact de la nourriture avec les mains d'une personne autre que celle qui va la consommer n'est pas "dégoûtant" en France. Le contact du pain avec l'air, dans le trajet entre la boulangerie et la maison, n'est pas non plus "sale" ici. Mettre le pain, par exemple, sur la table quand on mange, pas sur une assiette ou sur une serviette, ce n'est pas sale non plus. Les fromages puent mais ils sont bons. Nous, on ne mange rien qui pue, c'est pourri.

Donc voilà, je ne dirais jamais que les Français sont sales ni que nous sommes trop propres. Ils sont propres, nous aussi, chacun selon sa propre conception de propreté. Chacun réagit selon des conditionnements qu'on acquiert quand on est petits avec nos parents, mais il faut s'en débarrasser quand on est chez les autres.

Después de todo, mugre que no mata engorda, ¿no?

¿Y qué dicen los demás?

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